À la différence de nombreux mammifères, les humains ne ralentissent pas (ou peu) leur rythme durant l’épisode hivernal. La vie moderne permet de maintenir la même cadence tout au long de l’année. Toutefois, à la saison froide nous ressentons le besoin de décélérer, de faire une pause, de se reposer. Bref, hiberner, ce qui en latin signifie : passer l’hiver.
Période des longues nuits
Il s’écoule toujours 24 heures entre midi et minuit, mais les journées raccourcissent au profit de nuits plus longues. Nous avons donc l’opportunité d’augmenter notre temps de sommeil, à la manière d’un animal ou d’un végétal en hibernation. Si les contraintes quotidiennes ne permettent pas d’accroître le temps de repos, nous pouvons en améliorer la qualité. Le yoga nous aide à cela. Ouvrir le lieu du cœur et observer davantage à l’intérieur de soi nous amènera vers de belles relaxations. Les pratiques douces seront les bienvenues, cela favorisera le sommeil profond. Comme toujours en yoga, on vise l’équilibre pour maintenir le corps en bonne santé. Il faudra également réchauffer le corps avec des séances plus dynamisantes.
Comme l’hiver nous contraint à passer plus de temps à l’intérieur, favoriser notre environnement est primordial. Nous utilisons beaucoup les lumières artificielles et celles-ci peuvent provoquer de l’inconfort visuel ou des maux de tête. La lumière bleue des écrans est l’une des plus néfastes puisqu’elle réduit la production de mélatonine (hormone centrale de régulation du sommeil).
Faire travailler son imagination et visualiser le soleil plusieurs fois par jour, sera plus efficace pour l’organisme que n’importe quelle lampe ! Pour réussir plus facilement cet exercice, le silence sera un allier de taille . Même si on aime avoir une ambiance sonore, cela sollicite nos sens au détriment de la concentration. Ménager ses oreilles est une chose simple qui nous permet de mieux se relier.
Même si cela paraît évident, pour mieux se régénérer il faut se sentir à l’aise. Choisir des vêtements confortables est élémentaire. La sangle abdominale doit être libérée, les pantalons trop serrés sont à proscrire. L’hiver c’est aussi le moment de ressortir cette vieille polaire ou ce plaid que l’on aime tant ! Une sorte de carapace qui nous réconforte.
Enfin, le Saint des saints : le lit, refuge intime où l’on s’abandonne au sommeil. Il doit être choyé puisque nous y passerons plus de temps. Il est en quelque sorte la caverne de la vie moderne, notre lieu d’hibernation. Le Larousse nous dit que la caverne est « une cavité naturelle, vaste et profonde » . Les écrans, les animaux domestiques, la nourriture … n’ont pas leur place dans votre lieu de repos. Le lit est un sanctuaire qui abrite le sommeil et doit garder cette fonction. Si vous êtes de nature peu active, évitez toutefois de passer tout l’hiver à dormir. Cette attitude risque de vous faire tendre vers la léthargie ou la déprime.
Intériorité : le paradoxe de l’obscurité
Autrefois, un négatif photo ne révélait son contenu que dans le noir total. Si la pellicule prenait la lumière avant le développement, celle-ci ne dévoilait aucune image … En photographie comme dans bien des domaines, ombre et lumière sont indissociables. L’une ne peut simplement pas exister sans l’autre. Une forte intensité lumineuse déstabilise, ainsi, nous sommes aveuglés par le soleil de midi. Bien qu’essentielle, la lumière n’est pas indispensable pour percevoir. Au contraire, c’est parfois dans l’obscurité que nous ressentons mieux les choses. A la différence des autres sens, la vue peut être instantanément obstruée grâce aux paupières. Fermer les yeux nous permet d’être plus à l’écoute de soi, d’être conscient. Dans toutes les postures au sol pratiquées en yoga, il n’est d’ailleurs pas utile d’ouvrir les yeux.
Cette saison faible en luminosité stimule l’espoir ; c’est aussi l’occasion de se reconnecter. Le solstice d’hiver nous plonge dans une longue période d’obscurité. Ne serait-ce pas ici une aubaine pour mieux trouver notre propre lumière, à l’intérieur de nous même ?
Célébrer le champ des possibles
Cette période de calme est idéale pour reconsidérer notre potentiel. En orientant dès à présent nos pensées vers nos profonds désirs, nous contribuons au succès des actions de la période estivale. C’est un des moyens d’agir consciemment sur sa vie. Notre plus grand professeur, dame Nature, semble figée en hiver. Son mouvement est cependant bien présent puisque les racines se déploient toujours. La croissance du printemps et le développement des fruits de l’été est ainsi assuré.
Nous faisons souvent l’éloge des récoltes et des succès mais nous célébrons rarement les projets en tant que tels. Les plus belles choses n’ont-elles pas débutées par de simples rêveries ? Cette étape nous invite à lâcher le « faire » pour aller vers « l’être », vers notre être. En chacun de nous réside une fertilité infinie, il serait dommage qu’elle reste à l’état de veille. En cette période de l’année l’air est vif et pur, et les vents les plus fréquents sont les vents d’ouest. Ces vents ne sont pas violents et changeants, mais ils sont pénétrants et stimulants ; ils peuvent éveiller le feu intérieur. Entretenir sa flamme est une chose innée mais cela demande de l’attention et de la persévérance.