Cheminer dans l’univers du yoga amène un jour ou l’autre aux yogas sutras !
Les yogas sutras sont un peu ce que la bible est au christianisme.
C’est à ce jour le texte sur le yoga le plus ancien arrivé jusqu’à nous.
Ecrits en sanskrit, les yogas sutras ont été traduits dans pratiquement toutes les langues, maintes fois étudiés, analysés et interprétés. Ils sont maintenant enseignés dans toutes les écoles qui dispensent des formations en yoga depuis que Krishnamacharya **(voir note en page 3), un des plus grands yogis du XXème siècle, en a fait la base de son enseignement.
Tenter une explication ou présentation détaillée des yoga sutras demanderait des pages et des pages et ce n’est pas le but ici. Cependant il convient de fournir quelques informations notamment pour les lecteurs moins initiés.
Composés de 4 livres (on parle aussi de chapitres), ils auraient été écrits par Patanjali entre le 4ème siècle avant notre ère et le 4ème siècle après notre ère/Jésus-Christ. L’emploi du conditionnel est volontaire et nous verrons un peu plus tard pourquoi.
Livre 1 : Samãdhi pãda : l’ouverture de la conscience, on dit que c’est le chapitre de la définition du yoga.
Livre 2 : Sãdhana pãda : le cheminement, le chapitre des moyens de réalisation du yoga.
Livre 3 : Vibhuti pãda : c’est le chapitre des pouvoirs extraordinaires.
Livre 4 : Kaivalya pãda : l’isolement libérateur. Ce chapitre nous explique le processus de réalisation.
Ces 4 livres ou chapitres représentent un total de 195 sutras. Le terme occidental pour sutra est aphorisme.
Sutra signifie littéralement « cordon, fil » comme le cordon sacré que portait les brâhmanes et parce que chaque sutra est relié au précédent, au suivant, au chapitre.
Le sutra (ou aphorisme) est une virtuosité grammaticale et philosophique : c’est être capable de dire le maximum de choses, avec le minimum de mots !
Cette forme minimaliste a aussi eu pour conséquence de faire émerger beaucoup d’interprétations différentes, ainsi ne vous étonnez pas si vous trouvez parfois des versions contradictoires selon les sources.
Revenons maintenant sur l’auteur présumé (c’est pourquoi nous avons employé le conditionnel) : Patanjali ! Auteur présumé car il est très difficile de localiser Patanjali autant géographiquement qu’historiquement ;
Patanjali a-t-il réellement existé … ou comme tendent à l’affirmer les dernières recherches historiques, Patanjali serait un prête-nom derrière lequel des yogis, des ascètes et des brâhmanes ont écrit pour se différencier des courants de pensées, des rituels de l’époque.
Et la méditation dans tout ça ? N’attendez pas de ces yogas sutras d’y trouver un mode d’emploi détaillé pour devenir un parfait méditant avec description de comment s’asseoir, ou comment respirer ou du temps conseillé etc !
C’est là tout le paradoxe : le texte fondateur du yoga actuel ne parle pratiquement pas d’asana (postures) ni directement de ce que nous, occidentaux, entendons par méditation : il parle avant tout du mental « citta » !
C’est un des 1ers textes de l’histoire sur la psychologie humaine, sur le fonctionnement du mental, sur la philosophie.
Bien-sûr, nous allons retrouver des éléments qui rejoignent et ressemblent à ce que beaucoup entendent par méditation ; mais les yogas sutras vont nous amener bien au-delà pour aller explorer au plus profond de nous, nous débarrasser des attachements et comportements néfastes, et nous amener vers la lucidité, le détachement et la lumière.
Dans le livre 1, le titre même Samâdhi désigne l’état d’union ou d’absorption avec l’infini, avec l’absolu soit le but ultime de la méditation.
C’est dans ce livre qu’on va trouver les indications pour tenter d’apaiser le mental et surmonter nos difficultés.
Le livre 2, c’est le livre du yogi prisonnier de la matière, qui en est conscient et qui veut s’en sortir ! Est-ce que ça ne nous ressemble pas un peu … ?!
Aphorisme II.29 – yama niyama āsana prānāyāma pratyāra dhāranā dhyāna samādhayo asthāv angāni Patanjali nous y présente l’ashtanga yoga qui se décompose en 8 branches. Il faut lire le schéma ci dessous en commençant par le bas, il y a donc un chemin de progression pour arriver à Dharana puis Dhyana … et le chemin peut nous apparaître parfois, certains jours, plus difficile que d’autres !
Conclusion
Nous espérons au travers de ces quelques lignes (non exhaustives) avoir éveillé la curiosité de ceux qui ne connaissent pas les yogas sutras, ou d’avoir insufflé l’envie de relecture des yogas sutras à ceux qui les connaissent déjà.
Pour aller plus loin, il y a des tas d’ouvrages mais on peut faire confiance au livre de Bernard Bouanchaud : “Yoga-Sutra de Patanjali – Miroir de soi”.
Ou bien, tenter une assise en silence et écouter les yogas sutras chantés par Krishnamacharya (CD ou lien audio des Editions Agamat) … expérience profonde garantie !
Les yogas sutras sont des supports de méditation fantastiques, infinis et adaptables à chacun !
Je finirai en citant ma professeur Lola Mallein : « les yogas sutras sont une source d’inspiration merveilleuse », « par leur étude nous levons petit à petit les voiles de l’illusion pour devenir des êtres conscients qui discernent les mouvements perturbateurs de l’esprit ».
A méditer !
**Tirumalai Krishnamacharya :
(18 novembre 1888, district de Chitradurga, Karnataka, Inde – 28 février 1989) est un des plus grands maîtres et professeur de yoga de réputation internationale, considéré comme l’un des pères de l’expansion du yoga en occident, spécialiste de la philosophie indienne et de l’ayurvéda (médecine indienne).
